Relire Claude Duchet. Cinquante ans de sociocritique

Volume 58

Numéro 3

2022

192 pages

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Résumé

En 1971, Claude Duchet publie le texte fondateur de la sociocritique, « Pour une socio-critique ou variations sur un incipit », dans le premier numéro de la revue Littérature. En 2021, ce texte a eu cinquante ans. À l’occasion de cet anniversaire, les revues Études françaises et Littérature proposent de relire l’œuvre de Claude Duchet dans deux numéros distincts, mais dont la parution simultanée souligne la richesse et la complexité de cette pensée de la socialité de la littérature. Loin de prendre les formes traditionnelles de l’hommage ou du bilan, ce double numéro est d’abord l’occasion d’un dialogue critique qui permet d’évaluer l’apport de la sociocritique des textes à ce que l’on a coutume d’appeler la théorie littéraire, de le questionner et d’en saisir les développements et les voies d’exploration sur un demi-siècle.
Certains des articles réunis dans Études françaises examinent à nouveaux frais telle notion élaborée par Claude Duchet ou la mobilisent dans le cadre d’une lecture de textes littéraires. D’autres proposent de nouveaux sociogrammes, portent la réflexion sociocritique sur la pratique de la traduction ou rendent compte du devenir historique de cette perspective de lecture. Tous donnent la mesure de la richesse théorique de l’herméneutique de la socialité des textes proposée par Claude Duchet. Celle-ci se manifeste également dans les dialogues que la sociocritique a ouverts avec d’autres disciplines comme la psychanalyse ou l’histoire, ainsi qu’avec d’autres courants théoriques tels que la poétique, la sociogénétique, la sociopoétique ou encore la sociologie de la vie et des pratiques littéraires, de la création littéraire et de la réception des œuvres.

Numéro préparé par Patrick Maurus, Lucie Nizard, Isabelle Tournier et Bernabé Wesley

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Le récit de malheur au XIXe siècle

Volume 58

Numéro 2

2022

200 pages

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Résumé

Ce dossier entreprend une réflexion sur les logiques culturelles, sociales, historiques du mauvais sort à l’œuvre dans le récit du XIXe siècle. Série d’embarras qui jettent dans la misère, malchance qui s’acharne, écarts à la coutume qui attisent l’adversité, réactivation des fautes familiales forment, bien souvent, la trame narrative du récit de malheur : celui-ci narre en effet les coups du destin et la dégradation du héros dans une société dont les valeurs politiques, culturelles, familiales sont en transition. S’y développent des cosmologies qui ne comprennent ni le bonheur ni le malheur de la même façon.
C’est pourquoi les articles ici rassemblés examinent les multiples systèmes symboliques d’interprétation et de détection de l’infortune qui structurent le récit moderne, en faisant l’hypothèse que le malheur répétitif y sanctionne les ratés de la coutume et les failles dans le vivre-ensemble. Qu’est-ce qui porte malheur ? Qui est frappé par le sort funeste (et qui ne l’est pas) ? Comment le malheur s’annonce-t-il ? Peut-il être évité ? Est-il intégralement narré ou raconté ? La dynamique narrative repose-t-elle sur l’exploration de parcours de vies déviées et malheureuses ? Ce dossier propose une variété de réponses à ces questions en étudiant, dans certaines œuvres de Balzac, Sand, Mérimée, Stendhal et Zola, les formes plurielles du malheur (maléfice, hasard, vengeance, viol, handicap sexuel et social, mort, vicissitude conjugale, nouage de l’aiguillette) et ses particularités textuelles.

Numéro préparé par Sophie Ménard

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Sur les traces du récit sentimental québécois (1920-1965)

Volume 58

Numéro 1

2022

192 pages

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Résumé

Il est admis que le genre sentimental correspond à une forme figée, rigide et pauvre. Pourtant, pour peu que l’on examine attentivement les textes qui s’inscrivent dans ce registre, on ne peut qu’être frappé par leur étonnante plasticité.
Ce numéro d’Études françaises est consacré au récit sentimental au Québec des années 1920 aux années 1960. Durant ces décennies parfois décrites comme une période de crise et de « Grande noirceur », le récit sentimental québécois n’a eu de cesse d’offrir des visions renouvelées des rencontres amoureuses et du mariage, tout autant que de l’éducation des filles, du confort matériel et de la sexualité. Il constitue une formidable caisse de résonance pour certains des rêves de la société québécoise de cette époque.

Numéro préparé par Marie-Pier Luneau et Jean-Philippe Warren

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Maylis de Kerangal. Puissances du romanesque

Volume 57

Numéro 3

2021

192 pages

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Ce dossier s’intéresse aux puissances du romanesque chez Maylis de Kerangal. Si ses récits racontent des aventures hors du commun, ils n’idéalisent pas le réel pour autant et nous plongent au cœur du monde contemporain — pas toujours là où on l’attend. Au plus près des gestes, des matérialités, des savoirs, des paysages, des corps et des perceptions, les récits de Maylis de Kerangal sont porteurs d’un élan romanesque indissociable d’une écriture puissamment visuelle dont la frappe émotive et la découpe intrigante sont susceptibles de donner une profondeur (imaginaire, temporelle) au moindre des agissements comme à la plus ambitieuse des entreprises. Nous nous attachons aux romans, aux récits et aux reportages littéraires de l’auteure afin de bien prendre la mesure des modalités du romanesque de son œuvre. Un texte inédit de l’écrivaine et une importante bibliographie complètent ce dossier.

Numéro préparé par Marie-Pascale Huglo

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Mémoires, histoires et vérités dans la littérature française contemporaine

Volume 57

Numéro 2

2021

192 pages

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Ce dossier analyse des pratiques littéraires contemporaines conscientes des ambiguïtés et des contradictions qu’elles soulèvent dans leurs représentations du passé, leur saisissement de la mémoire et leur investissement de différentes formes d’histoire — histoire de l’art, histoire nationale, familiale, fictionnalisée, sublimée ou détournée.
Si la littérature est un assaut contre la frontière (Patrick Boucheron), elle se présente comme un questionnement de son poids éthique et esthétique quant à sa capacité à explorer le réel ou la vérité. Lorsque la littérature cherche à recomposer le réel, elle peut recourir à l’archive et au document pour soutenir ses conjectures. Aussi la vérité est-elle vue avec circonspection par une littérature consciente de ses limites et soucieuse d’en explorer le tracé et la valeur ; l’usage et les définitions mêmes de fiction, récit, roman et romanesque (entre autres) se trouvent alors bousculés par l’ambiguïté véritative d’œuvres qui interrogent leurs dimensions historiques et sociopolitiques tout comme leur inscription dans le monde.
Ce dossier présente ainsi des études portant sur la capacité qu’a la littérature française contemporaine d’interroger les modalités aléthiques des discours sur la mémoire, en redéfinissant un certain nombre de frontières et d’enjeux thématiques et formels liés à la capacité représentationnelle du langage et à la mémoire comme expérience mitoyenne du passé et du présent.

Numéro préparé par Eric Chevrette et Pascal Riendeau

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L’insurrection kabyle de 1871. Représentations, transmissions, enjeux identitaires en Algérie et en France

Volume 57

Numéro 1

2021

176 pages

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Résumé

Ce dossier est composé d’articles écrits dans la perspective de cerner les interprétations et la mémoire, en Algérie et en France, des événements survenus en 1871.
Pour la France en guerre depuis des mois contre les armées allemandes coalisées autour de la Prusse, l’année 1870 s’achève sur un bilan négatif et, le 28 janvier 1871, le gouvernement républicain est contraint de signer un armistice. Au printemps 1871, il doit faire face à un nouveau conflit sur l’autre rive de la Méditerranée. Appuyant la lutte du bachaga Mohamed El Mokrani qui est entré en guerre contre l’occupant le 16 mars, le cheikh Ameziane El Haddad proclame le djihad pour libérer la Kabylie de l’envahisseur. Des environs d’Alger à la frontière tunisienne, les insurgés détruisent des fermes et des villages. Après la mort d’El Mokrani en mai et la demande de paix d’El Haddad en juillet, la reddition des Zouara en septembre sonne le glas de l’insurrection. Sa répression s’est accompagnée de lourdes condamnations pour les chefs de celle-ci et, dans un contexte où le traité de Francfort a obligé la France à céder l’Alsace et la Moselle à l’Empire allemand, d’une mise sous séquestre de terres qui sont revendues à bas prix.
À partir d’œuvres et de sources diverses, chroniques, romans, représentations théâtrales, essais, recueils poétiques, ce dossier étudie comment cette matière historique constituée d’une série de défaites — de la France face au nouvel Empire allemand, de la politique française en Algérie, de l’insurrection déclenchée par El Mokrani — a nourri les représentations et les imaginaires de part et d’autre de la Méditerranée.

Numéro préparé par Isabelle Guillaume

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Noms d’auteurs

Volume 56

Numéro 3

2020

192 pages

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Résumé

La notion d’auteur est une énigme pour les disciplines littéraires. De nombreuses difficultés méthodologiques et théoriques liées au statut de l’auteur ont en effet pour origine la nature fuyante du nom propre.
Si c’est avant tout par son nom que l’auteur manifeste son identité, le nom d’auteur n’en est pas moins un nom bien particulier. Il cautionne l’écrit auquel il est apposé et s’associe à un ensemble de titres. D’où sa spécificité : contrairement aux anthroponymes usuels, il ne renvoie pas nécessairement à une personne, son référent étant déterminé par l’institution de la signature. Un nom d’auteur est donc un nom propre et, en même temps, un acte de validation. C’est un opérateur de différenciation au sens où il permet de sceller l’unité d’une œuvre et de la distinguer de toutes les autres.
Ce dossier se propose d’approfondir ces particularités du nom d’auteur en examinant ses fonctionnements spécifiques dans les différents genres de discours. Il s’attache notamment au cas de l’anonymat, aux signatures collectives et à l’insertion du nom de l’auteur dans sa fiction.

Numéro préparé par Yves Baudelle et Mirna Velcic-Canivez

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De Charles Baudelaire à Kamel Daoud : lectures

Volume 56

Numéro 2

2020

176 pages

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Résumé

Fidèle aux dimensions interdisciplinaire et internationale de notre revue soucieuse de confronter des recherches conduites entre les domaines et entre les pays, ce numéro libre réunit des contributions dont les auteurs appartiennent à sept institutions universitaires, au Québec, au Canada, en Estonie, en Italie, en Norvège. Les huit études qui le composent portent sur huit auteurs différents, de Charles Baudelaire à Kamel Daoud, du plus canonisé au plus contemporain, qui appartiennent aux littératures écrites en français auxquelles s’attache Études françaises depuis sa création : littérature québécoise, littérature française et littératures francophones. Elles mobilisent des méthodes et des savoirs variés, ceux de la philosophie, de la psychanalyse, de la stylistique, de l’onomastique, des démarches et des approches multiples, étude des espaces liminaires, études cinématographiques, imaginaire et discours social, discours de la fin.

Numéro préparé par la rédaction

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Le monde en ruines : espaces brisés de la littérature contemporaine

Volume 56

Numéro 1

2020

136 pages

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Résumé

La littérature contemporaine est hantée par la ruine : celle des hauts-fourneaux abandonnés à la rouille par leurs consortiums mondialisés ; celle des villes ravagées par la guerre et les catastrophes naturelles ; celle des mondes inhabitables d’un futur dystopique. Ces ruines ne sont plus héritières de la Rome mélancolique de Du Bellay ou de l’Arcadie pastorale de Poussin et du Lorrain ; elles ont oublié la nature, Dieu et le temps long. Si, donc, les ruines ne s’attachent plus à l’idéal, si elles ne sont plus le site d’une contemplation rêveuse, quel rôle jouent-elles dans les littératures française et québécoise du XXIe siècle ? Sont-elles les marques lisibles d’un mal historique, social, spirituel ? Comment et pourquoi ont-elles ainsi proliféré dans la géographie fictionnelle de notre ère ? Cette livraison propose une variété de réponses à ces questions : ses contributeurs s’interrogent notamment sur leur surgissement dans les textes de Jean Echenoz, Antoine Volodine, Sylvain Tesson, Jean-Paul Kauffmann et Stéphane Vanderhaeghe et dans ceux, en domaine québécois, de Nicolas Dickner. Elle explore également l’absorption, par de nombreux auteurs contemporains, des portraits photographiques de la ville de Détroit, aux États-Unis, dévastée par la désindustrialisation. Saisi dans son ensemble, ce numéro offre une perspective neuve et cohérente sur un motif essentiel de l’écriture au présent.

Numéro préparé par Vincent Gélinas-Lemaire

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L’œuvre de Boubacar Boris Diop

Volume 55

Numéro 3

2019

200 pages

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Résumé

Cette livraison d’Études françaises rend hommage à l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop, qui a reçu en 2000 le Grand prix littéraire d’Afrique noire, et trace de nouvelles voies critiques pour son œuvre dont le premier roman, Le temps de Tamango, a paru en 1981. Les études réunies dans ce dossier analysent l’œuvre de Boubacar Boris Diop à partir de deux perspectives. Certains articles privilégient les rapports entre les romans et l’histoire de l’Afrique contemporaine – la colonisation, les indépendances, la période d’après la Guerre froide –, tandis que d’autres insistent davantage sur les formes artistiques et littéraires des récits. Ainsi des fonctions de la métalepse dans la plupart des romans de Diop dont plusieurs narrateurs, tout en racontant des anecdotes sur le monde, évoquent l’activité de l’écrivain en train d’écrire. Un tel choix renvoie-t-il à l’anxiété de l’auteur quant au statut de l’écrivain africain dans sa société de référence, en proie aux doutes existentiels depuis le désenchantement des indépendances ? Est-ce pour cela que Boubacar Boris Diop décide, au tournant de l’an 2000, d’écrire aussi bien en français qu’en wolof, sa langue maternelle, pour élargir son lectorat ? À ces questions tentent de répondre les collaborateurs de ce numéro qui constitue un apport majeur non seulement à la compréhension de l’œuvre de Diop, mais également aux nouvelles pistes de la critique : celle de la poétique de l’auto-traduction et celle de l’œuvre bilingue dans les littératures francophones, et tout particulièrement celle d’Afrique.

Numéro préparé par Josias Semujanga

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Écrire après le cinéma

Volume 55

Numéro 2

2019

188 pages

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Abordant les effets du cinéma sur la littérature et les nouvelles manières de penser et d’écrire à l’ère de la culture cinématographique, ce dossier rassemble des contributions permettant d’analyser les réponses de l’écrit à l’écran, du début du XXe siècle à nos jours. Un premier ensemble d’articles analyse le rôle attribué au cinéma dans certaines évolutions du système des genres en littérature : si la référence filmique sert parfois au discrédit des genres existants, comme chez Henri Michaux par exemple, il en va toutefois plus souvent d’une reconfiguration que d’une destruction des genres littéraires dans de nombreux autres cas, étudiés par plusieurs contributeurs dans des romans français contemporains comme ceux de Pierric Bailly. Un deuxième ensemble d’articles se demande ensuite quels liens ces changements entretiennent avec d’autres formes d’interactions entre littérature et cinéma, comme les adaptations littéraires, l’imitation verbale de techniques cinématographiques, ou le recours à un imaginaire ou des thèmes typiques du monde du cinéma comme chez Jean-Philippe Toussaint ou Christine Montalbetti. Enfin, trois études interrogeant de manières différentes le lien de l’écrit à l’écran émettent l’hypothèse que le cinéma pourrait aussi inviter à la création de nouveaux genres littéraires comme le ciné-roman-photo, les journaux de tournage ou les romans de la projection.

Numéro préparé par Jan Baetens et Nadja Cohen

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Entre public et privé. Lettres d'écrivains depuis le XIXe siècle

Volume 55

Numéro 1

2019

184 pages

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Les lettres d’écrivains, de la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’à nos jours, constituent un lieu de tension ou d’échange – elles forment l’espace d’une négociation « moderne » – entre privé et public. Tel est le postulat que nous explorons dans le dossier « Entre public et privé : lettres d’écrivains depuis le XIXe siècle » en nous penchant sur les lettres inédites échangées entre Georges Hérelle et ses amis, Romain Rolland et Louise Cruppi, ainsi que sur les correspondances publiées d’Émile Zola et d’Anny Duperey et Nina Vidrovitch et, enfin, sur des « lettres » jamais envoyées, de réflexion ou d’hommage, signées par Pascale Roze et Linda Lê. Les écrits qui nous intéressent ici, dans la mesure où ils permettent à leurs auteurs de faire entendre leurs préoccupations à la fois intimes, sentimentales et sociales ou politiques, montrent qu’à l’époque moderne et contemporaine, la lettre d’écrivain, qu’elle soit publiée ou non, est un lieu d’exposition, souvent aussi de dissimulation, où l’auteur cherche à renégocier son identité et ses relations, son langage et sa position, dans le champ littéraire ou professionnel comme dans la vie affective.

Numéro préparé par Margot Irvine et Karin Schwerdtner

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Frontières du témoignage aux XVIIe et XVIIIe siècles

Volume 54

Numéro 3

2018

166 pages

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Pierre angulaire des Mémoires, du journal ou du récit de voyage, le témoignage est sous l’Ancien Régime au fondement de la vérité historique; il est également la forme de la fiction lorsqu’elle cherche à se garantir par l’autorité d’un témoin. Aussi le témoignage est-il un élément du pacte de lecture de textes qui prétendent être crus. Le témoin cependant ne peut tout voir et cela lui prescrit une première frontière : celle du ouï-dire. Son caractère fragmentaire d’autre part, sa paucité, voire son absence pour une époque donnée forme une seconde frontière : celle de la tradition. Enfin, il jouxte la fiction dans les récits de voyages, les chroniques scandaleuses, les romans à la première personne, et voit par là son périmètre fondu dans l’imagination. Nous explorons ces frontières dans des contributions portant sur la littérature factuelle, les débats théoriques et diverses œuvres de fiction.

Numéro préparé par Frédéric Charbonneau

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Le regard et la proie

Volume 54

Numéro 2

2018

144 pages

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L’imaginaire de la prédation est un imaginaire de la limite transgressée entre le chasseur et la proie, l’humain et l’animal, dans des scénarios qui brouillent les frontières entre les uns et les autres. Figure classique de l’objet du désir, et de son improbable maîtrise, la proie semble y apparaître en un point où le regard parvient à divers degrés de fascination, de la visualité exacerbée par l’attente ou le guet jusqu’au moment fatal où la proie fait image. C’est dans la perspective des approches de l’imaginaire que ce dossier propose de réfléchir au paradigme de la prédation en littérature, entre imagination et aliénation du regard, absence et surreprésentation de l’image, voire ses métamorphoses à l’ombre du mimétisme. Au sein de ce paradigme, toutes les polarités, toutes les rivalités peuvent indéfiniment se retourner. Ce qui voit peut être vu, ce qui chasse peut être chassé, ce qui dévore peut être dévoré. C’est pourquoi toute histoire de chasse, tout récit de prédation, témoigne de la puissance spéculaire de l’imaginaire, une puissance de réversibilité qui ne cesse d’ouvrir le regard à ce qui, inlassablement, lui échappe dans ce qu’il poursuit.

Numéro préparé par Martin Hervé et Alexis Lussier

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Écritures de la contestation. La littérature des années 68

Volume 54

Numéro 1

2018

183 pages

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Depuis un demi-siècle, on prétend que les semaines insurrectionnelles de mai et juin 1968 n’ont eu aucune incidence sur la littérature, si ce n’est de quelques œuvres mineures aussitôt reléguées à l’oubli. D’où le paradoxe d’une explosion révolutionnaire sans égale dans le XXe siècle français, qui a suscité et suscite encore un foisonnement d’interprétations, de commentaires, de témoignages, mais dont le souffle contestataire aurait à peine été ressenti dans le monde littéraire. Pourtant, à condition de porter l’enquête au-delà de la thématique des œuvres et de l’ouvrir aux apports des sociologues et des historiens, qui ont profondément renouvelé depuis dix ans notre compréhension de la crise de mai et juin, force est de constater que des écrivains, des critiques et des théoriciens ont bel et bien œuvré à transposer en littérature le renouvellement des pratiques et des discours de la contestation. À l’occasion du cinquantième anniversaire des « événements », ce dossier démontre que le cycle de mobilisation qui culmine dans la crise de Mai, en remettant en cause la division du travail entre écrivain et lecteur, en critiquant les institutions qui assurent la production et la médiation des textes, en traquant les effets idéologiques engendrés par le culte des œuvres et des écrivains, a bouleversé l’idée même de littérature et les modalités de son action dans l’espace public. À ce titre, les « années 68 » marquent sans doute une inflexion majeure dans l’histoire des politiques de l’écriture.

Numéro préparé par Jean-François Hamel et Julien Lefort-Favreau

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Histoire et littérature. La littérature démoralise-t-elle l’histoire ?

Volume 53

Numéro 3

2017

180 pages

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Dans le long processus de son affirmation comme discipline scientifique, l’histoire n’a cessé de vouloir se distinguer de la littérature et celle-ci, on le sait, le lui a, finalement, bien rendu. Ce divorce, cependant, très institutionnel, masque une série de positions et de pratiques beaucoup moins tranchées (et surtout plus ambigües) que l’analyse traditionnelle du partage des disciplines ne le laisse entendre généralement. L’évolution récente des rapports entre histoire et littérature en témoigne d’ailleurs : d’une part la littérature, revenue au récit après la parenthèse textuelle du siècle dernier, a aujourd’hui résolument renoué avec les sujets historiques, d’autre part certains historiens revendiquent explicitement le droit de « faire » de la littérature. Dans ce contexte, les vieilles oppositions entre le public et le privé, l’érudition et l’imagination, la vérité et la fiction sont reprises, disputées, amendées. Un point, cependant, cristallise toujours la polémique et appelle toutes les contradictions, la dimension morale. C’est donc dans cette perspective que ce numéro d’Études françaises revient sur les relations entre littérature et histoire depuis le XIXe siècle, avec cette question : la littérature démoralise-t-elle l’histoire ?

Numéro préparé par Marie Blaise

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Mettre en livre. Pour une approche de la littérature médiévale

Volume 53

Numéro 2

2017

187 pages

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Pendant plus de cinq siècles, l’objet qu’est le livre imprimé a conditionné notre manière de recevoir les textes et de penser la littérature. Toutefois, les pratiques numériques et les mutations des habitudes de lecture qu’elles entraînent nous ont rendus plus sensibles à la spécificité du livre imprimé et à l’historicité de ce format. Parallèlement, les deux dernières décennies de la recherche médiévistique ont été caractérisées par un regain d’intérêt pour la matérialité du codex médiéval et les spécificités de la textualité qui en découlent. L’ambition de ce numéro, défendue dans les travaux de nombreux chercheurs actuels, en Amérique du Nord comme en Europe, est de montrer que codicologie et philologie ne sont pas nécessairement des disciplines extérieures à la critique littéraire. Ces deux approches privilégiées ici nous permettent de penser le livre et, par là, la littérature médiévale.

Numéro préparé par Anne Salamon

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Présences de Gilles Marcotte

Volume 53

Numéro 1

2017

158 pages

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Qu’une gerbe d’études, d’essais et de témoignages s’intitule Présences de Gilles Marcotte n’est que pure justice. L’auteur du Roman à l’imparfait et de La prose de Rimbaud, qui présentait son travail comme un accompagnement, qu’il se soit agi de suivre des jeunes chercheurs dans leur progression ou de faire équipage avec l’écriture d’un poème pour l’entendre au plus creux de son murmure, demeure présent pour nous. Ce numéro réunit des interventions qui mettent en valeur de multiples facettes du travail de Gilles Marcotte. On y lit des textes sur ses romans et ses nouvelles, sur ses essais et sa conception de la critique littéraire, sur son apport fondamental à la sociocritique, sur son approche de la poésie, sur son invention personnelle de Montréal, sur sa vision du XIXe siècle. À cela s’ajoutent des fragments libres qui évoquent de façon plus intime la personne et la pensée de celui qui répondait naguère en ces termes à une question sur l’avenir du vers en poésie : « Nous vivons de la mémoire du monde : tout a un avenir, tout peut avoir du sens. »

Numéro préparé par Micheline Cambron, Pierre Popovic et le comité de rédaction

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Voix de Mallarmé

Volume 52

Numéro 3

2016

171 pages

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Si le silence, comme l’écrit Bertrand Marchal, figure parmi « les clichés qui font une escorte obligée [au nom de Mallarmé] », un survol des propositions de Mallarmé témoigne pourtant de considérations sur la dimension vocale du fait langagier. Dans Les Mots Anglais et ses Notes sur le langage, posthumes, Mallarmé évoque par exemple la nécessaire « lecture à voix haute des bons auteurs » comme critère d’appréciation. Si le vers rémunère « le défaut des langues », Mallarmé dit aussi que c’est par « des touches y répondant en coloris ou allure, lesquelles existent dans l’instrument de la voix ». En aval, la voix participerait donc à la réception plénière du langage totalisant d’un poème ; en amont, le poète aurait, selon Mallarmé, déjà conscience de cette nécessité en manipulant le langage afin que l’œuvre soit dépositaire de cette vocalité dont elle assure l’écho. Ce dossier s’attache à la question de la restitution de la voix comme enjeu poétique chez Mallarmé mais aussi à celle des voix, en son sens pluriel, alors que les contributions réunies permettent de dessiner une topographie du « vocal » dans l’œuvre mallarméenne et ses alentours.

Numéro préparé par Luc Bonenfant et Julien Marsot

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Nouvelles maisons d’édition, nouvelles perspectives en littérature québécoise ?

Volume 52

Numéro 2

2016

180 pages

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L’apparition, au tournant des années 2000, de nombreuses maisons d’édition (dont Marchand de feuilles en 2000 ; Le Quartanier et Rodrigol en 2002 ; Alto et Ta mère en 2005 ; Héliotrope en 2006 ; La Mèche en 2010 ; Le Cheval d’août en 2014 pour n’en citer que quelques-unes), a été saluée comme « une renaissance » de la littérature du Québec. L’ampleur du phénomène et sa concentration dans le temps incitent à voir dans ce changement du paysage éditorial québécois une transformation susceptible d’affecter également et proportionnellement la pratique littéraire, tant sur le plan esthétique de la production que sur le plan critique de la réception. C’est l’hypothèse que ce dossier souhaite mettre à l’épreuve en confrontant l’étude de quelques-unes des pratiques éditoriales de ces nouvelles maisons à l’analyse de deux enjeux critiques majeurs de la littérature québécoise, l’identité et la langue, interrogés dans des corpus contemporains. En éclairant certains aspects du fonctionnement de maisons d’édition dont la création, en une décennie, constitue l’un des réaménagements les plus visibles du champ littéraire, ce dossier souhaite en interroger les conséquences pour la fiction narrative des années 2000 au Québec. Il propose une première réflexion, forcément exploratoire, sur la nature et l’étendue des changements qui s’opèrent et sur les critères qui permettent de les mesurer.

Numéro préparé par Andrée Mercier et Élisabeth Nardout-Lafarge

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La figure du père dans les littératures francophones

Volume 52

Numéro 1

2016

163 pages

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Résumé

Le père n’a généralement pas bonne presse en littérature et la production francophone n’échappe pas à cette règle. Le père absent, volage, fou ou irresponsable de nombreux romans caribéens s’oppose le plus souvent au père dominant des œuvres maghrébines et africaines, tyran craint dans la sphère familiale mais impuissant devant le pouvoir colonial. Ces représentations ont donné lieu à des analyses qui reconduisent pour la plupart ce constat, mais en comparaison de l’attention portée à la mère, voire à l’enfant, le personnage paternel demeure assez peu exploré par la critique. Or réfléchir à la question du père dans les littératures francophones, c’est certes interroger la violence du système post-colonial qui a soit exacerbé le pouvoir patriarcal des sociétés traditionnelles, soit détruit dès la « scène primitive » la possibilité d’une paternité viable, mais c’est aussi tenter de voir dans quelle mesure l’imaginaire francophone a renouvelé ou fait évoluer cette figure pour sortir de ces paradigmes. Personnage romanesque ou ombre tutélaire, le père est exploré dans ce numéro comme figure parentale, symbolique et littéraire. Car penser les rapports au père ou à la paternité – et en particulier pour ce qui est des littératures francophones – implique également un retour aux écrivains fondateurs de la francophonie. Entre le désir de défier et la volonté de lui donner une voix, le père se révèle dans ce dossier sous de multiples visages, portraits riches et nuancés, loin des représentations stéréotypées qui ont fait sa réputation.

Numéro préparé par Ching Selao

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La corde bouffonne. De Banville à Apollinaire

Volume 51

Numéro 3

2015

204 pages

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Résumé

Faire « vibrer la corde bouffonne », tel est le programme que s’assigne Théodore de Banville au seuil des Odes funambulesques en 1857, liant durablement poésie et comique. Sous le double patronage de Heine et d’Aristophane, ce recueil à dominante satirique rejoint sur bien des points l’essai philosophique de Baudelaire, De l’essence du rire paru deux ans plus tôt. Au sein d’une œuvre apparemment unique en son genre, l’expression funambulesque représente en vérité une scansion majeure dans l’histoire de la poésie française. D’un côté, elle puise ses moyens dans la caricature, de l’autre, elle s’adosse à la fantaisie. Certes, la corde bouffonne n’est pas toujours drôle. Elle se révèle même souvent mélancolique et grinçante. Mais elle procède d’un dessein original puisqu’il s’agit pour Banville, par ailleurs théoricien longtemps admiré du Petit traité de poésie française (1872), d’inventer « une nouvelle langue comique versifiée », centrée notamment sur la rime. Ainsi s’amorce une tradition qui compte dans ses rangs aussi bien Rostand et Verlaine qu’Apollinaire ou Jarry. Du funambulesque au mirlitonesque s’opère de la sorte une mise en crise du « lyrisme », enfin délesté du pathos romantique et propre à ouvrir le poème à son indéfinition ou à sa redéfinition. Autant de voies possibles se dessinent alors qui alternent la virtuosité et le « mal écrire ». Important les procédés théâtraux jusqu’à la cocasserie et à la fumisterie, le comique use d’équivoques prosodiques comme de stratégies parodiques, visant en priorité la dégradation, voire la déformation du poétique.

Numéro préparé par Arnaud Bernadet et Bertrand Degott

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Toucher des yeux. Nouvelles poétiques de l’ekphrasis

Volume 51

Numéro 2

2015

232 pages

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Résumé

À la croisée de la littérature, de la philosophie, de l’esthétique et des Visual Studies, ce dossier aborde la question des arts du point de vue de la déconstruction, à partir des travaux de Jacques Derrida, Jean-Luc Nancy, Hélène Cixous et Georges Didi-Huberman. Il explore plus précisément l’ekphrasis et les nouvelles poétiques que cette figure suscite dans les œuvres de ces philosophes et écrivains. Chez chacun des auteurs, il s’agit moins d’écrire « sur » l’œuvre d’art que d’aller à la rencontre de ce qui, en elle, récuse toute appropriation ou traduction. Comment dès lors en parler ? Cette interrogation conduit à des approches multiples et singulières, voire idiomatiques, et permet de mesurer l’apport des concepts issus de la déconstruction, sa critique de l’appareil optique, de la représentation et de la visibilité/invisibilité, de l’image. En soulignant les enjeux esthétiques, philosophiques et éthiques engagés pour ces penseurs par l’œuvre d’art, ce numéro met ainsi en relief leurs axiomes les plus inventifs dans un champ qui ne fut jamais confiné pour eux dans la désignation ancienne des « beaux-arts », mais bien toujours saisi comme le lieu mouvant d’une véritable pensée, d’un « penser voir » autrement.

Numéro préparé par Ginette Michaud

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Jean Genet, le Québec et l’Amérique

Volume 51

Numéro 1

2015

161 pages

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Résumé

Si Jean Genet a passé peu de temps en Amérique du Nord, la rencontre de l’écrivain avec ce continent a été déterminante. Non seulement les États-Unis ont inspiré continument les derniers écrits de Genet, mais l’œuvre et les interventions militantes de ce dernier ont trouvé dans toute l’Amérique du Nord un écho tant politique que littéraire, cinématographique et dramatique. Ce dossier vise à rendre compte de cette rencontre entre l’écrivain français et la vie politique et culturelle nord-américaine, en interrogeant non seulement la place de l’Amérique du Nord dans le parcours et l’œuvre de Genet, mais aussi l’héritage, souvent scandaleux et fasciné, que Genet a laissé dans les deux territoires américains qu’il a traversés : les États-Unis et le Québec. Ainsi, revenant sur l’importance bien connue des États-Unis dans le parcours de Genet, le dossier propose aussi, pour la première fois, d’explorer les liens entre l’écrivain et le Québec.

Numéro préparé par Mathilde Barraband et Hervé Guay

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Volume jubilaire

Volume 50

Numéro 3

2014

119 pages

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Résumé

Études françaises a cinquante ans. À travers les cinquante volumes de la revue publiés entre février 1965 et décembre 2014 se lit la position singulière qu’elle a affirmée à l’égard de la critique littéraire, de la théorie et de l’histoire de la littérature, se distinguant dans le monde des revues savantes et de l’enseignement supérieur tout en contribuant à la construction d’un corpus « national » et à l’invention de la littérature québécoise comme objet et comme discipline. Ce dernier numéro du volume jubilaire porte à la fois sur l’histoire de la revue, prisme intéressant pour observer l’évolution intellectuelle et culturelle au Québec, notamment dans les circonstances particulières de l’affirmation d’une littérature québécoise, et sur son avenir qui suppose aujourd’hui de penser le rôle et la place d’une revue d’études littéraires consacrées aux cultures d’expression française dans le contexte de l’édition numérique. Au moment de célébrer son demi-siècle, la revue Études françaises doit trouver comment continuer à jouer ce rôle d’incubateur de littérature dans un environnement en mutation et aux frontières instables : « faire la littérature » sur le Web, tout en respectant sa mission savante. Dans ce numéro qui vient clore notre cinquantième volume, il est question du passé, de l’actualité et de l’avenir de la revue. Ainsi, avec ce regard porté des deux côtés du seuil, ce volume est parfaitement jubilaire : l’occasion de cet anniversaire était trop belle pour ne pas prendre résolument le parti du passage, celui du témoin entre deux directeurs, et celui du temps : révolu, transitoire et ouvert.

Numéro préparé par Francis Gingras

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Volume jubilaire

Volume 50

Numéro 1-2

2014

192 pages

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Résumé

Les anniversaires offrent d’utiles temps d’arrêt pour se situer par rapport au passé et s’interroger sur ce que pourrait être le futur. La parution du cinquantième volume d’une revue universitaire, phénomène encore assez rare dans l’histoire de l’édition savante au Québec, a semblé un heureux prétexte pour consacrer la totalité de ce volume au rôle que la revue Études françaises a joué dans la vie littéraire québécoise et pour envisager l’avenir en insistant sur la place de notre revue dans la Cité au moment où des changements importants s’opèrent dans les modes de diffusion de la connaissance. Le numéro double qui ouvre ce volume jubilaire est ainsi entièrement consacré au prix de la revue Études françaises et à ses lauréats qui ont répondu de manière assez exceptionnelle à la mission que se donnait explicitement la revue d’être « un lieu où la littérature se fait ». La qualité des lauréats du prix constitue la meilleure preuve que la revue remplit parfaitement le rôle que lui fixait son premier directeur, René de Chantal, d’être « au centre de gravité » de toutes les cultures d’expression française.

Numéro préparé par Francis Gingras

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La physiognomonie au XIXe siècle : transpositions esthétiques et médiatiques

Volume 49

Numéro 3

2013

166 pages

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Résumé

Ayant su attirer dans le champ de l’empiriquement observable des phénomènes relevant du jugement subjectif et donner l’allure d’une science à une croyance populaire, la physiognomonie a connu le succès d’une science capable de produire un savoir social particulièrement précieux dans un contexte de bouleversement des hiérarchies socioculturelles. À ce titre, elle a profondément marqué l’histoire des représentations et influencé la production et les projets d’artistes, de penseurs et d’écrivains. L’élargissement du champ d’investigation de la physiognomonie, son réinvestissement dans des constructions politiques ou sociales ainsi que les transpositions disciplinaires et médiatiques dont elle a fait l’objet, ont contribué à en faire un objet d’étude polymorphe. Les contributions réunies dans ce numéro observent les différentes manifestations de la postérité connue au XIXe siècle par le modèle physiognomonique qui postulait l’équivalence entre l’intériorité d’un individu et ses caractéristiques observables.

Numéro préparé par Valérie Stiénon et Érika Wicky

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Jean-Paul Sartre, la littérature en partage

Volume 49

Numéro 2

2013

183 pages

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Un lieu archi-commun de l’histoire littéraire veut que Jean-Paul Sartre soit un auteur pour qui le rapport à l’autre homme de lettres se réalise toujours sur le mode de l’agression. Qui ne connaît les célèbres éreintements réservés à François Mauriac, Maurice Blanchot ou Albert Camus ? On a même voulu faire croire à une rivalité secrète opposant Sartre et Simone de Beauvoir… Pourtant, les œuvres de Sartre, comme celles de tout autre écrivain, ont la littérature en partage. La nausée, Le mur, Les mouches, Le sursis, Qu’est-ce que la littérature ?, Les séquestrés d’Altona, Les mots, L’idiot de la famille entretiennent des échanges multiples avec des textes phares signés par des auteurs aussi divers que Miguel de Cervantès, Guy de Maupassant, Roger Martin du Gard, Georges Bataille, Ernest Hemingway, Jacques Rancière et bien d’autres encore. C’est en faisant voir cette interdépendance, trop souvent laissée de côté, que les articles réunis dans « Jean-Paul Sartre, la littérature en partage » montrent comment les différentes facettes de l’écriture et de l’imaginaire sartriens sont inextricablement liées à la littérature qui se fait.

Numéro préparé par Yan Hamel

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Les lieux de la réflexion romanesque au XVIIIe siècle : de la poétique du genre à la culture du roman

Volume 49

Numéro 1

2013

180 pages

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Le xviiie siècle constitue un moment charnière dans l’histoire du roman français : le genre se diversifie et son public s’élargit, alors même que s’élabore une importante réflexion théorique à son sujet. Plus que jamais il fait l’objet de discussions et de débats, qui contribuent au développement d’une véritable culture du roman. Cependant, la définition du roman que propose le discours poétique officiel – articulé par les traités d’éloquence ou de belles-lettres – s’appuie pour l’essentiel sur des notions élaborées au siècle précédent. Exilée de ces lourds volumes qui constituent pour nous son milieu naturel, l’élaboration d’une pensée critique sur le (nouveau) roman doit dès lors occuper d’autres espaces, investir d’autres lieux. Ce dossier entend explorer quelques-uns de ces lieux et de ces moyens de la réflexion romanesque des Lumières – du discours pédagogique ou moralisateur aux panoramas urbains, en passant par les romans eux-mêmes, point de convergence des différents discours qui s’attachent au genre.

Numéro préparé par Ugo Dionne et Michel Fournier

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Lire en contexte : enquête sur les manuscrits de fabliaux

Volume 48

Numéro 3

2012

186 pages

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Plus de cinq cents ans après l’invention de l’imprimerie par Gutenberg, nous sommes habitués à considérer comme une évidence le fait qu’un livre contienne une seule œuvre et qu’une œuvre remplisse un seul volume. La tradition universitaire, qui consiste depuis ses origines à éditer les textes sous une forme indépendante les uns des autres, nous a elle aussi habitués à envisager les écrits du Moyen Âge comme des entités autonomes. Pourtant, au Moyen Âge, un texte bref n’est que rarement conservé dans un manuscrit dont il occuperait à lui seul la totalité des feuillets. Même s’ils ont été conçus de manière dissociée, ces textes sont en majorité transmis et lus dans des recueils réunissant un certain nombre de pièces. Durant tout le Moyen Âge, on les a donc copiés et recopiés dans des contextes manuscrits variables et chacune de ces réalisations, chaque nouvel environnement, entraîne des répercussions sur la façon dont ces écrits sont compris puisque le voisinage matériel qu’occasionne leur regroupement, les interférences qu’il suscite parfois, produit ou autorise des mises en relation toujours variées. Il est certes possible d’analyser ces diverses configurations comme autant d’états différents, mais il est aussi possible d’envisager l’ensemble qu’elles forment comme un processus résultant d’une expérience de la lecture radicalement différente de la nôtre. Afin de se rapprocher de celle-ci, on peut alors tirer profit d’un certain nombre de spécificités que présentent les recueils anciens qui, souvent, étonnent le lecteur moderne et permettent donc de toucher du doigt l’« altérité médiévale ».

Numéro préparé par Olivier Collet, Francis Gingras et Richard Trachsler

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Saint-Denys Garneau. Accompagnements

Volume 48

Numéro 2

2012

163 pages

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Résumé

Ce numéro marque le centième anniversaire de naissance du poète, né le 13 juin 1912. Il propose des relectures qui éclairent des zones peu explorées jusqu’ici de l’œuvre de Garneau ou abordent celle-ci en dialogue avec d’autres œuvres, d’ici comme d’ailleurs, d’hier à aujourd’hui. Ces différents types d’« accompagnements », selon un terme bien garnélien, ouvrent l’œuvre à des résonances nouvelles et la situent dans le contexte transnational de la littérature et de l’art. Les analyses portent sur l’ensemble de l’œuvre de Garneau, de la poésie aux écrits intimes (journal, lettres) en passant par les œuvres picturales et jusqu’aux traductions anglaises des poèmes. Ces diverses relectures ont en commun de chercher à situer le texte de Garneau dans un horizon élargi.

Numéro préparé par Michel Biron et François Dumont

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Paul-Marie Lapointe et Claude Gauvreau. Inédits

Volume 48

Numéro 1

2012

179 pages

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Résumé

Poètes de la modernité littéraire du Québec, Paul-Marie Lapointe et Claude Gauvreau demeurent des écrivains dont l’œuvre ne cesse de fasciner. Cette livraison offre au lecteur l’occasion d’accéder, par la diffusion d’inédits des deux écrivains, à leur atelier d’écriture. De Paul-Marie Lapointe sont ainsi publiés dans ce numéro les « petits poèmes animaux et autres poèmes », fragments d’une suite poétique des années 1975-1976 qui unit collages et poèmes. S’attachant à la singularité de la poétique de Paul-Marie Lapointe, de nouvelles lectures critiques examinent comment cette poésie invite encore aujourd’hui à habiter différemment le langage. De Claude Gauvreau, le lecteur trouvera l’édition critique de la Lettre à André Breton du 7 janvier 1961, un texte méconnu et pourtant de première importance pour comprendre les rapports entre l’automatisme et le surréalisme. L’ensemble s’enrichit d’un autoportrait de Claude Gauvreau rarement reproduit, de poèmes-collages et de manuscrits en fac-similé.

Numéro préparé par Gilles Lapointe

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Publics et publications dans les éloges collectifs de femmes à la fin du Moyen Âge et sous l’Ancien Régime

Volume 47

Numéro 3

2011

182 pages

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Résumé

Les éloges collectifs de femmes, qui regroupent les recueils de femmes illustres et les apologies du sexe féminin, ont souvent été versés au compte de la « Querelle des femmes » vue comme un ensemble discursif stable, partageant et réitérant une topique commune. Cependant, les contextes variés dans lesquels ces textes s’inscrivent suggèrent d’en réexaminer les spécificités et d’en préciser les enjeux ; plus spécifiquement, ils invitent à se pencher sur les publics qui, au cours des siècles, en ont renouvelé la lecture et l’interprétation. Croisant les ressources méthodologiques de la rhétorique et de l’histoire du livre, les articles de ce numéro explorent le processus de publication et la construction de publics contrastés dans des éloges collectifs de femmes composés ou traduits en français à la fin du Moyen Âge et sous l’Ancien Régime, de façon à évaluer la singularité des invitations à l’appropriation qui s’y tissent.

Numéro préparé par Renée-Claude Breitenstein

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Le rire et le roman

Volume 47

Numéro 2

2011

181 pages

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Résumé

Si le rire accompagne le roman tout au long de son aventure, c’est qu’il apparaît comme l’un des traits les plus sûrs par lesquels cet art protéiforme puisse être défini. Il paraît clair, en effet, que le roman ne peut pas être caractérisé uniquement suivant les principes qui président à la formation des genres canoniques, c’est-à-dire à partir de critères formels et performatifs, ou alors qu’un tel effort de définition, pour valable qu’il soit, ne parvient pas à cerner la spécificité du genre.

Pour mieux apprécier la nature du roman, il convient de faire intervenir un autre critère, moins concret parce que non formel, mais autrement plus décisif, en ce qu’il tient à une certaine manière de représenter et de concevoir le monde, ou mieux : à un certain esprit, ainsi que l’on nommait jadis l’humour. L’existence d’un tel esprit expliquerait qu’au cours de son histoire, le roman n’ait pas eu besoin de se figer dans une forme précise, qu’il ait pu emprunter à toutes les formes et à tous les discours, qu’il ait pu s’écrire d’abord en vers puis en prose, qu’il ait pu parodier autrui et se parodier lui-même, sans que l’acuité de son regard s’en trouve altérée.

Numéro préparé par Mathieu Bélisle

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Les exceptions françaises (1958-1981)

Volume 47

Numéro 1

2011

185 pages

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Résumé

Les années 1958-1981 montent en épingle des exceptions françaises variées et ponctuelles : l’indifférence française au fascisme, Jacques Mesrine et Albertine Sarrazin, la figure de l’énarque, les monologues de Michel Audiard, des intellectuels comme Jean-Louis Borie ou Henri Lefebvre, le punk made in France et la représentation ernalienne de la femme sont autant de cas de figure liés à l’affirmation d’une exceptionnalité hexagonale. Or ces exceptions plurielles engendrent par effet cumulatif une imprégnation des esprits qui les dispose à croire dur comme fer à l’existence d’une universalité de la différence française. Appelé « l’exception française », ce nœud d’idéologèmes passe bientôt pour une évidence et trouvera des utilités diplomatiques quand il se fondra avec l’idée d’exception culturelle lors des négociations de l’Uruguay Round, au sein du GATT, en 1986. La thèse ici défendue est que la théorie des exceptions partielles a conduit à la proclamation d’une exception globale toute théorique.

Numéro préparé par Sylvain David et Pierre Popovic

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Faute de style : en quête du pastiche médiéval

Volume 46

Numéro 3

2010

199 pages

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Résumé

Conforme à la majorité des plus récents travaux consacrés à l’hypertextualité, la dernière réévaluation en date de l’histoire du pastiche (Paul Aron, 2008) fait l’impasse sur la littérature du Moyen Âge. Ce dossier espère réhabiliter le corpus médiéval en l’incluant dans la réflexion critique et théorique sur cette pratique hypertextuelle qu’on peut définir, avec Gérard Genette, comme l’imitation en régime ludique d’un style, d’une manière. Les spécialistes réunis pour ce numéro ont accepté de tester l’hypothèse du pastiche sur un corpus varié, qui regroupe autant des formes brèves des domaines d’oc (sirventes-ensenhamens) et d’oïl (fabliaux et pièces lyriques) que différentes traditions romanesques du XIIIe au XVe siècle (Meriadeuc, L’Estoire del saint Graal et la vaste composition en prose qu’est le Perceforest).

Numéro préparé par Isabelle Arseneau

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Hergé reporter : Tintin en contexte

Volume 46

Numéro 2

2010

171 pages

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Résumé

Ce numéro étudie les liens des Aventures de Tintin avec l’histoire, la société, la politique. Il s’agit plus précisément d’objectiver les discours et les imaginaires sociaux qui pénètrent les albums et que ceux-ci relaient ou réfractent. Car l’œuvre d’Hergé a toujours été tant intemporelle (voire mythique) qu’actuelle, servant de caisse de résonance et de support iconique à l’histoire en train de se faire, de l’entre-deux-guerres à la postmodernité, en passant par l’Occupation, la Libération et la guerre froide. Sans être pour autant « l’écho sonore » de leur siècle, les albums de la série Tintin portent souvent « la trace du moment où ils ont été dessinés », comme Hergé l’avouait dans une entrevue où il se disait encore « très perméable, très influençable, et à ce titre un excellent médium… » Cette inscription flexible du social expliquerait aussi pourquoi ces albums survivent à leur créateur et continuent de susciter adaptations, commentaires et débats.

Numéro préparé par Rainier Grutman et Maxime Prévost

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Responsabilités de la littérature : vers une éthique de l’expérience

Volume 46

Numéro 1

2010

137 pages

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Résumé

De Walter Benjamin à Thomas Pavel, le roman est considéré comme le lieu et le moyen par lesquels l’être humain résout ou du moins expérimente ce qu’on pourrait appeler le « problème de vivre ». L’orientation de l’éthique vers la notion de vie humaine au cours des dernières années suscite d’ailleurs un intérêt accru de la philosophie morale pour la littérature. Au même moment, la question de la valeur est débattue dans le champ des sciences humaines. La littérature elle-même en vient à représenter une valeur, valeur du présent et valeur de pérennité, au sein d’un processus qui institue le « contemporain » en objet d’étude. L’intérêt pour les vies vécues et les modèles d’expérience se densifie, au point qu’une valeur exemplaire est recherchée dans la littérature par les écrivains comme par les lecteurs. Un rapport à l’histoire et à la responsabilité des générations vis-à-vis de leur mémoire et de leur futur est ainsi convoqué, à travers lequel se déploie une pensée de l’historicité, à savoir de la force des œuvres — qu’elles soient actuelles ou anciennes — pour dire notre présent.

Numéro préparé par Maïté Snauwaert et Anne Caumartin

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Figures de l’héritier dans le roman contemporain

Volume 45

Numéro 3

2009

150 pages

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Les figures de l’héritier ne sont plus au centre de grandes fresques romanesques et sociales comme au XIXe siècle, mais dans les récits ténus de parcours individuels qui se confondent souvent avec le devenir de groupes morcelés, de communautés imprévisibles et de familles recomposées. Plutôt que de se forger victorieusement une lignée, l’héritier contemporain doit assumer un legs collectif fragilisé, s’éprouver dans une rencontre singulière avec ses ascendants et ses spectres, tout en élaborant des généalogies artistiques et intellectuelles. Ses filiations biologiques et ses affinités électives se confondent alors, dans une même recherche de modèles et de références, à rebours cependant des hiérarchies et des canons institués.

Numéro préparé par Martine-Emmanuelle Lapointe et Laurent Demanze

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L’échelle des valeurs au XVIIe siècle : le commensurable et l’incommensurable

Volume 45

Numéro 2

2009

150 pages

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Résumé

Quand Boileau oppose le gain et la gloire dans des vers célèbres de l’Art poétique, il fait plus que claironner son intention de souscrire ouvertement à la nouvelle politique littéraire et artistique du Roi-Soleil. En même temps, et sans doute plus profondément, il met en relief une angoisse qui traverse tout le XVIIe siècle : comment intégrer dans les circuits d’échange des objets, comme l’« art divin » de la poésie, qui par nature se présentent comme foncièrement incommensurables ? À travers des analyses portant sur la pastorale (Thomas Pavel), le don (Hélène Merlin), l’échange et le titre dans Le roman bourgeois (Craig Moyes), la figure de l’auteur chez Pascal (Éric Méchoulan), le vraisemblable dans la correspondance entre Chapelain et Huygens (Frédérique Aït-Touati) et la félonie chez le duc de Saint-Simon (Frédéric Charbonneau), des questions étroitement liées à la commensurabilité font percevoir, au-delà de l’intérêt particulier de tel ou tel cas, une parenté profonde qui nous renseigne moins sur les axiologies qui avaient cours au XVIIe siècle que sur les techniques et les stratégies littéraires employées par divers écrivains pour assurer, modifier, miner ou simplement interroger les valeurs qui en étaient issues.

Numéro préparé par Craig Moyes

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Écritures de l’insignifiant

Volume 45

Numéro 1

2009

159 pages

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C’est en lui accordant le crédit d’une signification jusqu’alors déniée que le roman moderne a pu faire du quelconque son objet. Ainsi l’insignifiant s’est-il vu accorder de l’importance, à la faveur d’une mise en récit dans laquelle il a trouvé une direction et un sens. Cette contradiction fondamentale d’une littérature qui cherche à dire le monde dans son foisonnement et, ce faisant, le met en ordre traverse tout le XXe siècle, sous diverses formes et se manifeste avec une singulière acuité dans les écritures contemporaines. En se donnant pour tâche d’étudier ces manifestations à travers la polysémie de l’insignifiant, qui en fait surgir toute la complexité, ce numéro d’Études françaises entend non seulement explorer chacun des aspects essentiels du questionnement pour lui-même — dans ses dimensions thématique, narrative et herméneutique —, mais espère encore les éclairer par ce rapprochement.

Numéro préparé par Audrey Camus

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Microrécits médiatiques. Les formes brèves du journal, entre médiations et fiction

Volume 44

Numéro 3

2008

172 pages

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Le minuscule dans le journal : tel est l’objet d’étude de ce numéro consacré aux petits genres journalistiques dans la presse française des années 1830 jusqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale. Épigrammes, bigarrures, histoires drôles, résumés sportifs et bien d’autres sont analysés dans leur capacité à se glisser dans la matière du journal et à en détourner la mission d’information. La « petite presse » de la monarchie de Juillet et du Second Empire est à l’honneur (Figaro, Le Charivari, Le Tintamarre), ainsi que les grands quotidiens de la Belle Époque, traversés par l’éclat de rire des « chroniquettes » et autres « nouvelles à la main » dont Alphonse Allais et Jules Renard sont les maîtres. Évaluant certaines conséquences littéraires de cette poétique du détail, notamment sur le poème en prose, sur la chronique et sur la naissance du reportage, les articles ici réunis réfléchissent à l’histoire morcelée qu’écrit le XIXe siècle médiatique.

Numéro préparé par Marie-Ève Thérenty et Guillaume Pinson

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La littérature tragique du XVIe siècle en France

Volume 44

Numéro 2

2008

158 pages

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À la Renaissance, théoriciens et hommes de lettres redécouvrent un genre dramatique oublié, la tragédie, qu’ils chercheront à définir et à faire revivre à la lumière des œuvres canoniques d’Aristote, d’Horace et de Sénèque. En découle une nouvelle façon d’appréhender l’Histoire, ancienne ou récente, la tragédie offrant aux écrivains de l’époque une structure théâtrale inédite à un moment historique lourd de tensions politiques et religieuses. Ce numéro propose une réflexion sur les particularités de la tragédie française du XVIe siècle, ainsi que sur les formes variées dans lesquelles l’idée même de « tragique », telle que la conçoivent les écrivains de l’époque, trouve à s’incarner.

Numéro préparé par Louise Frappier

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Engagement, désengagement : tonalités et stratégies

Volume 44

Numéro 1

2008

161 pages

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Résumé

La rhétorique de l’engagement, quand elle sous-tend l’affirmation d’un investissement personnel de l’auteur / énonciateur ou s’en démarque, retient notre attention, tant dans ses manifestations que dans ses effets; il s’agit d’en préciser les contours et de l’illustrer au moyen des contextes littéraires qui lui sont favorables, tout en laissant une part aux postures hybrides ou mitigées – celles qui interviennent entre l’engagement et le refus d’adhésion, relevant ainsi du désengagement –, et qui ne sont pas moins importantes dans le jeu de places des énonciateurs. Ces pratiques discursives se nourrissent des thèses que l’écrivain endosse et autour desquelles il souhaite rallier; il reste à voir comment l’écriture se les approprie, misant sur l’argumentatif ou l’ouverture créative, la ferveur ou le décrochage, l’allégeance ou la connivence, à moins que ne s’immisce la subversion. Les auteurs ici rassemblés montrent la complexité de l’engagement littéraire par l’écriture, « en » écriture. L’engagement n’est pas tant un contenu étiqueté et brandi qu’une forme façonnée par une subjectivité en tension dans ce rapport au monde qui tient à s’affirmer.

Numéro préparé par Danielle Forget

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De Proust aux littératures numériques : lectures

Volume 43

Numéro 3

2007

131 pages

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Résumé

Renouant avec la formule des numéros « Lectures », « Variétés » et « Lectures singulières », parus dans les années 1980 et 1990, Études françaises publie dans la présente livraison une série d’articles librement assemblés. De tels numéros fournissent l’occasion de mettre en valeur la diversité des recherches dans le domaine littéraire, une diversité que les dossiers thématiques, avec leurs contraintes, ne permettent pas toujours d’accueillir. De Proust aux littératures numériques, du roman à l’hypertexte en passant par la poésie, les études réunies ici abordent toutes des objets différents, et cela, selon des questions et des approches elles-mêmes fort variées.

Numéro préparé par la rédaction

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1857. Un état de l’imaginaire littéraire

Volume 43

Numéro 2

2007

151 pages

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Résumé

1857 : année de Madame Bovary de Flaubert et celle de sa Tentation de Saint-Antoine, celle des Fleurs du mal de Baudelaire, celle de leurs procès, année de la publication des Odes funambulesques de Banville; année de la mort de Comte, de Béranger, de Musset, de Sue; année du manifeste sur le réalisme de Champfleury. 1857 apparaît comme un tournant dans l’histoire des lettres du XIXe siècle, tant pour ce qui a trait à l’effervescence de la vie littéraire qu’en ce qui touche au renouvellement des formes. Ce numéro sur 1857. Un état de l’imaginaire littéraire se propose d’explorer, par le biais d’une approche synchronique, la date de 1857 comme le lieu où s’exposent les grandes tensions qui structureront un champ littéraire en pleine autonomisation. En faisant le pari que la singularité recèle du sens, ce dossier, à travers la convocation des Balzac, Champfleury, Flaubert, Baudelaire et Banville, à travers aussi l’exploration de la Bohème littéraire et de la « Dictée » de Prosper Mérimée, s’attache à mettre au jour l’imaginaire littéraire que cette année charnière de 1857 esquisse.

Numéro préparé par Geneviève Sicotte

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Les langues de la dramaturgie québécoise contemporaine

Volume 43

Numéro 1

2007

156 pages

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Résumé

Au cœur de l’interrogation identitaire sur la langue parlée, le théâtre québécois s’avère un lieu privilégié d’expérimentations et de prises de position linguistiques. En se penchant sur les pratiques textuelles et scéniques du joual, de l’oralité, du métissage linguistique, de l’adaptation et de la traduction, ainsi que sur certaines poétiques d’auteurs, ce numéro d’Études françaises vise à brosser un tableau historique et critique des divers rapports à la langue dans la dramaturgie québécoise des quarante dernières années.

Numéro préparé par Jeanne Bovet

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Ahmadou Kourouma ou l’écriture comme mémoire du temps présent

Volume 42

Numéro 3

2006

155 pages

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Comme l’indique son titre, ce dossier rassemble des études consacrées à l’œuvre d’Ahmadou Kourouma, l’un des grands écrivains de la francophonie. Il porte un regard inédit sur les romans de l’auteur en axant les analyses sur les rapports complexes qui lient la fiction à l’histoire et à la mémoire du temps présent en Afrique. Une telle interrogation sur l’archive romanesque de la mémoire africaine que constitue cette œuvre vise à démonter les différentes modalités narratives, discursives et rhétoriques de la mise en fiction des évènements historiques. Elle repose d’une certaine façon la question des rapports entre la littérature et l’histoire à travers une œuvre complexe, qui s’enracine dans la culture africaine, tout en évoquant les cultures occidentale et arabo-musulmane.

Numéro préparé par Josias Semujanga et Alexie Tcheuyap

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Figures et frictions. La littérature au contact du visuel

Volume 42

Numéro 2

2006

166 pages

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Résumé

Les recherches récentes sur les relations entre la littérature et les arts, après s’être penchées sur l’impossibilité d’une correspondance véritable entre le visible et le lisible, semblent s’être intéressées tout dernièrement aux manières de détourner ces différentes apories. Plutôt que de poursuivre dans cette voie, nous avons voulu, avec ce numéro, nous placer dans un en-deçà de la théorisation, au plus près d’une certaine expérience du contact, plus proches de la scène où se nouent les liens entre la littérature et les arts, au moment singulier, fantasmé et fictif du toucher, du point de friction, devant les toiles, face aux photographies et aux sculptures, de plain-pied dans l’atelier. Nous avons voulu nous exposer à cette question qui prend ici de nombreuses tournures et nous avons convié les participants de ce numéro à explorer ce contact, dans ce que le mot a de plus corporel, dans ce qu’il a aussi de plus violent, d’imprévu, d’éprouvant, de spectral et d’imaginaire. Sans vouloir nier l’idée d’une rupture entre le visible et le lisible, cette question aura été moins importante que le pari de mettre au jour les possibles d’une telle rencontre.

Numéro préparé par Isabelle Décarie et Éric Trudel

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De l’usage des vieux romans

Volume 42

Numéro 1

2006

192 pages

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Résumé

En 1982, dans un article au titre en forme de paradoxe, Aron Kibédi Varga affirmait que « le roman est un anti-roman » – autrement dit, que le roman (ou, plus exactement, le roman « moderne ») trouverait son origine, non dans les romans du Moyen Âge et de l’Ancien Régime, mais dans les textes qui ont pris position contre le romanesque « traditionnel ». Cette analyse procède d’une lecture historique « progressiste », voire téléologique, des genres littéraires qui repose, le plus souvent, sur une méconnaissance des romans du Moyen Âge et de l’Ancien Régime. En cherchant à approcher la poétique à partir d’une lecture attentive de nos « vieux romans », il semble que la forme romanesque se définisse essentiellement à travers les procédés de subversion générique qui ponctuent son histoire; les jeux spéculaires donnent ainsi à lire la définition du roman par les romanciers eux-mêmes. Depuis les successeurs immédiats de Chrétien de Troyes jusqu’à Jean-Jacques Rousseau, en passant par les romans de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance, ou par ceux de l’âge classique et des Lumières, le ludisme intertextuel révèle sa position centrale dans la définition du genre. Contre l’idée fort répandue d’une naissance du roman qui attendrait une œuvre inaugurale (Don Quichotte, par exemple), les contributions des spécialistes réunis pour ce numéro laissent voir que les « vieux romans » seraient (toujours) déjà des antiromans.

Numéro préparé par Ugo Dionne et Francis Gingras

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