Le texte de présentation du plus récent numéro d’Études françaises, « Entre public et privé. Lettres d’écrivains depuis le XIXe siècle », sous la direction de Margot Irvine et Karin Schwerdtner, peut désormais être consulté ici.
Les lettres d’écrivains, de la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’à nos jours, constituent un lieu de tension ou d’échange – elles forment l’espace d’une négociation « moderne » – entre privé et public. Tel est le postulat que nous explorons dans le dossier « Entre public et privé : lettres d’écrivains depuis le XIXe siècle » en nous penchant sur les lettres inédites échangées entre Georges Hérelle et ses amis, Romain Rolland et Louise Cruppi, ainsi que sur les correspondances publiées d’Émile Zola et d’Any Duperey et Nina Vidrovitch et, enfin, sur des « lettres » jamais envoyées, de réflexion ou d’hommage, signées par Pascale Roze et Linda Lê. Les écrits qui nous intéressent ici, dans la mesure où ils permettent à leurs auteurs de faire entendre leurs préoccupations à la fois intimes, sentimentales et sociales ou politiques, montrent qu’à l’époque moderne et contemporaine, la lettre d’écrivain, qu’elle soit publiée ou non, est un lieu d’exposition, souvent aussi de dissimulation, où l’auteur cherche à renégocier son identité et ses relations, son langage et sa position, dans le champ littéraire ou professionnel comme dans la vie affective.