L’éthos intime de l’écrivain. Autour du journal et de la correspondance

Volume 59

Numéro 3

2023

176 pages

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Résumé

Notion labile, inséparable de l’avènement de l’individu moderne et de son for intérieur, l’intime ne se confond pas pour autant avec la catégorie du privé par opposition au public. En régime littéraire, il s’inscrit certainement dans ce que Philippe Lejeune appelle « l’espace autobiographique », mais il peut prendre des formes aussi diverses que les journaux, carnets, notes ou correspondances. Dans tous les cas, il a pour vocation de dire vrai sur soi-même.
Avec le déploiement de l’intime, on assiste à l’émergence de ce que Michel Foucault reconnaissait dans son séminaire sur L’herméneutique du sujet (1982) sous l’espèce d’une « fonction éthopoiétique », l’écriture devenant l’« opérateur de la transformation de la vérité en êthos ». Plus encore qu’à une fonction, l’écriture de soi renvoie à une poétique définie globalement comme éthique du discours, articulant étroitement le sujet de l’énonciation et le sujet de la conduite (conduite de soi devant les autres). Si la parole « vaut engagement » ou « vaut lien », c’est que cette valeur découle de sa qualité artistique même. En croisant des œuvres de la tradition française et québécoise, de Benjamin Constant à Jeanne Lapointe et Marie Uguay, c’est cette question que les articles réunis dans ce dossier tâchent d’explorer.

Numéro préparé par Arnaud Bernadet, avec la collaboration de Ian Byrd et d’Élisabeth Chevalier

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Rêveurs, railleurs. Des symbolistes à Victor Hugo

Volume 59

Numéro 2

2023

208 pages

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Résumé

Rajeunie mais aussi lestée d’une conscience historique nouvelle, la raillerie marque en profondeur la culture du XIXe siècle, comme la formidable effusion et l’expansion du « rire provocateur et insolent » libéré par la Révolution (Alain Vaillant, « Satire », Dictionnaire Rimbaud). Tout autant qu’une posture auctoriale, elle décrit une tournure d’esprit souple, dûment conformée aux visées d’une littérature ayant fait de la dénonciation tous azimuts de l’esprit de sérieux l’une de ses principales missions, presque sa vocation. Cette disposition à la blague et à la satire ne laisse pas indemne la poésie lyrique, terre d’élection du « rêve » depuis le romantisme. C’est ce que les articles de ce dossier se proposent d’illustrer, en se concentrant sur une série de poètes, des symbolistes jusqu’à Victor Hugo. Ce parcours à rebours, qui veut lui-même malicieusement railler la convention chronologique, entend prévenir une tentation de lecture téléologique qui concevrait la raillerie poétique dans les termes, inadéquats, d’un progrès. Il passe par Jean Moréas et Paul Adam, Laurent Tailhade, Tristan Corbière, Théodore de Banville et Charles Baudelaire, qui pratiquent et conçoivent la littérature tout à la fois en « rêveurs » et en « railleurs ».

Numéro préparé par Adrien Cavallaro et Patrick Thériault

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Lectures de l’économie. Comment dire un imaginaire économique ?

Volume 59

Numéro 1

2023

192 pages

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Résumé

Dans L’art d’être juste (1995), Martha Nussbaum invitait à ce qu’on confronte l’imagination littéraire à l’économie. Cette invitation semble avoir été entendue. Dans Le capital au XXIe siècle (2013), Thomas Piketty ne cesse de renvoyer à Balzac et à Austen pour illustrer les variables économiques des siècles passés, tandis que des romancières ou des romanciers comme Houellebecq se font économistes (Bernard Maris, Houellebecq économiste, 2014). À partir de la littérature, Joseph Vogl a lu dans la crise financière de 2008 Le spectre du capital (2010), ce qui a engagé un surcroît d’intérêt pour les dettes, soudainement lisibles dans la culture (David Graeber, Dette. 5 000 ans d’histoire, 2011).

La question au cœur de ce numéro s’inscrit donc dans ce chantier : comment parler du lien entre économie et littérature de façon sensible aujourd’hui ? Comment sortir des simples oppositions entre l’économique et le symbolique, que Pierre Bourdieu nommait « l’économie à l’envers », pour décrire la relation entre les deux domaines, ou encore entre l’économisme orthodoxe et la pensée marxiste ? Il existe, peut-on penser, un « imaginaire économique », c’est-à-dire une manière de dire l’économie, d’en nommer le fonctionnement, les rouages, les limites ; la littérature et sa théorie peuvent l’éclairer. Les articles réunis dans ce dossier tâchent donc, depuis le Moyen Âge jusqu’à l’extrême contemporain, de montrer comment la littérature sert cet imaginaire.

Numéro préparé par David Bélanger et Martine-Emmanuelle Lapointe

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